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J'aurais voulu être une raconteuz'
30 septembre 2017

L'Effet Poireau ...

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Cette photo se passe de commentaire.
Néanmoins, nous pouvons retenir la mine réjouie de celle qui vient de faire la plus belle prise de sa vie.
Et au delà la mine réjouie, il y a la délicatesse dans le geste.
La souplesse.
La joie du travail bien fait.
L'exaltation.
Et la constatation.
J'ai définitivement l'air con, la fourche à la main à déraciner mon poireau.
J'ai définitivement l'air con mais je suis ravie.
Et ça oui.
Ça se passe de commentaire.

J'sais pas quand je vais pouvoir rentrer chez moi mais si ça tarde trop je crois que je suis assez dingue pour me lancer dans la retape d'une vieille bâtisse à la campagne.
Élever des chèvres et des poules et des vaches. Mais pas pour les manger. Juste pour les oeufs et le lait.
Planter des patates, des carottes et des navets. Deféquer dans la sciure. Tricoter mes gilets. Ne plus me maquiller. Ne plus rien acheter. Récupérer l'eau de pluie. Me déplacer en poney. Faire mes confitures. Déscolariser l'Enfant. Fermer mes comptes.
Et puis écrire enfin pour de vrai.

C'est fou ce qu'a pu réveiller en moi la prise de ce poireau.
C'est l'Effet Papillon.
L'Effet Poireau si vous préférez.
Faite gaffe, ça peut faire flipper.

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#laraconteuz @ Cueillette Fabulette

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30 septembre 2017

À vous ...

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Juste parce qu'aujourd'hui il devait pleuvoir et faire un temps de chien. Et que finalement il a fait pas trop si froid. Même un peu chaud.
Il a fait pas trop si froid que ça m'a donné chaud.
Chaud dans le coeur.
Jolies couleurs.
Alors on a passé la journée dehors. 
On a vu des moutons et des canards. 
Et on a fait de la balançoire. Il y a eu de jolis rires chez les copains. Et des bisous à demain.
L'été Indien.

Et forcément toutes ces couleurs, je les envoie à des milliers de kilomètres d'ici. À ceux restés là bas. À mes amis. À ceux que je n'oublie pas. À ceux qui savent.
À ceux qui.

On rentre bientôt.

C'est promis...

28 septembre 2017

Ça sent ...

Ça sent les feuilles qui tombent et les champignons.
Ça sent les châtaignes et les petits matins brumeux.
Ça sent les couchers de soleil et les cafés frileux.
Ça sent les belles soirées chez les copains.
Ça sent les déjeuners en terrasse et le bon pain.
Ça sent les vieux rades et les infus emmitouflés.
Orange. Ocre. Rouge.
Ça sent les couleurs de l'automne.
La fin des beaux jours et le début des nuits rêvées.
Ça sent tout ça.
Ça sent bon.
Ça sent bien.
Et c'est plus joli de profiter plutôt que de cogiter.
Débrancher.

C'était comment la vie avant ?
Et là?
Là c'est où quoi quand ?
C'est vas y le bordel dans le ciboulot.

Ça sent ça.
Ça sent tout ça.
Débrancher.
Débranche moi.

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#laraconteuz

25 septembre 2017

Sa première rentrée...

À midi j'étais devant la porte et je l'ai récupéré. 
Elle avait l'air debraillé. 
Essoufflé. 
Ce petit minois de la celle qui a eu du mal à trouver le rythme et qui en a vu beaucoup en peu de temps.
Mais les yeux en éveil. De la celle qui n'en a pas perdu une miette. Plein les mirettes.
Au programme ce matin, c'était gym et bibliothèque.
La maîtresse m'a dit que tout s'était bien passé. Qu'elle n'avait pas pleuré.
Quelques mots. Rien de plus. 
Beaucoup moins que tout ce que Nounou pouvait nous raconter après une longue journée.
C'est ça l'école il paraît. Faire partie d'un groupe. Suivre la marche et ne pas trop sortir du rang. 
Elle a suivi.
Quand je lui ai demandé comment cette matinée s'était passée, la seule chose qu'elle a retenu c'est que "Moi i voulais pas que y'a écrit su mon doudou et su ma tétine ! Moi i voulais pas !!!"
Je regarde ledit doudou et ladite tétine et je vois effectivement que son prénom est écrit dessus.
Et moi non plus je ne voulais qu'on écrive dessus. Mais on ne m'a pas prévenu. On ne m'a pas demandé.
J'étais pas encore prête à passer dans le monde merveilleux des étiquettes.
J'aime pas les étiquettes.
J'aime pas.
Mais je crois qu'on ne va pas avoir le choix.
Je sens que ça l'a quand même bien perturbé cette histoire de doudou tout cradossé.
Du coup en rentrant on a dessiné plein partout sur les mains et on a débordé en faisant les zinzins. Parce que oui si on écrit sur les doudous et les tétines comment vous voulez que je lui dise qu'on ne peut pas se colorier les mains?
Faudrait savoir. 
Alors elle m'a dit : "Agade Maman mes touatouages ! Moi j'a des jolis touatouages !"
Et oui Chérie comme Doudou.

Et hop. 
Ni vu ni connu, emballé c'est pesé. Ni une ni deux l'histoire du doudou est oubliée.

Je sais. Je suis super maligne. 
On m'appelle Micheline.
Micheline Maligne. 

25 septembre 2017

Quand faut y aller ... faut y aller ...

Ce matin je n'ai pas voulu réfléchir. Pas voulu me demander si c'était la solution. Si c'était ma décision ou si c'était ce qu'il fallait. Ce qu'elle devait.
Je n'ai pas voulu réfléchir et ça tombait plutôt bien je n'avais pas le temps. 
Ce matin j'ai laissé L'Enfant Chérie pour la première fois dans cette salle de classe. Au milieu d'une vingtaine d'enfants. 
Qui ne la connaissent pas. Qu'elle ne connaît pas. 
Seule. 
Emmitouflée dans ses gilets elle n'a pas voulu me lâcher.
Elle ne voulait pas.
Pas rester là.
Alors oui. Non.
Non ce matin je n'ai pas voulu réfléchir. Je lui ai dit que j'allais revenir. Je lui ai fait des bisous par milliers. Je lui ai dit que ça allait être super. Que si elle ne voulait pas elle n'y retournerait pas. Mais qu'on allait essayer.
Des bisous je t'aime. Des à tout à l'heure mon coeur.
Je l'ai laissé. 
Je ne me suis pas retournée et j'ai imploré à mes entrailles de ne pas trop me chahuter. Je ne me suis pas retournée et je ne l'ai pas entendu.
Non. 
Non elle n'a pas pleuré.
Je l'ai imaginé se fermer.
Je ne me suis pas retournée mais je savais.
Je savais qu'elle allait prendre sur elle. Accepter. 
Se blinder de ce qui la caractérise depuis déjà bien longtemps du haut de ses même pas 3 ans.
Elle n'allait pas pleurer. 
Je savais qu'elle allait se mettre en veille. 
Elle sait s'auto planter le cerveau.
Qu'on ne la touche pas. 
Qu'on n'attende rien d'elle. 
Qu'on ne lui parle pas. Juste qu'on la laisse. Qu'on la laisse observer et s'adapter.
Ce matin je l'ai laissé, je ne me suis pas retournée mais je sais qu'elle s'est fermée.
Quelques minutes. Peut être plus. Je préfère ne pas le savoir.
Ce matin je n'ai pas voulu réfléchir. J'ai préféré, comme elle, m'auto planter le cerveau.

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22 septembre 2017

Tchou tchou ...

Ce matin on s'est réveillé de bonne heure et même qu'on s'est aussi réveillé de bonne humeur. Faut dire. Vu le jet lag qu'on a encore dans le museau, on s'est réveillé comme s'il était 1h du mat pour nous. Et les réveils nocturnes ça oui, La Chouette, elle connaît. Elle aime bien ça.
Alors ouais hop hop hop debout là dedans, il est 7h! On enfile la polaire, les chaussettes, les poufles, l'écharpe, le bonnet et tout ce qui peut nous permettre de ne pas décéder de froid pour aller jusqu'à la salle de bain. Il est déjà 7h22.
22 minutes pour s'habiller c'est trop je sais. Mais c'est que nous les collants, les chaussettes et les pulls et tout le bazar on connaît pas. Alors ça prend du temps.
Arrivées dans la salle bain on enlève la polaire, les chaussettes, les poufles, l'écharpe, le bonnet et je me dis que bordel on va jamais être à l'heure vu le temps qu'on perd à s'habiller et se déshabiller !
On chante sous la douche pour se réchauffer. Fort. Peut être un peu trop mais ça tient chaud.
Et hop hop hop on sort de la douche et on renfile tout le bazar. Il est 7h58.
On a donc mis 58 mins pour juste une douche. Une toute petite douche. Va falloir s'organiser autrement.
Étonnamment L'Enfant ne réclame ni sa robe, ni ses sandales ce matin. Pourtant on aurait mis nettement moins de temps mais elle a fini par capter que si je la saoule à se mettre tout ça sur le dos c'est pour son bien.
Bien.
Go !
Direction la cuisine.
Chocolat chaud, thé, tartines. Vite vite vite.
Un dernier ptit tour dans la salle de bain. Débarbouillette, brossage de dents, couette et go go go dans l'auto. Il est 8h34.
Gooooo !
On arrive à l'école du village.
J'ai pas le temps de réaliser qu'elle va aller à l'école ici.
Au lieu de vivre une rentrée normale comme ça aurait dû se passer, on arrive toutes les 2 un peu déboussolées.
J'explique à la maîtresse que Oui bonjour Madame, c'est nous les expatriées cyclonées. Et oui Merci Madame de bien vouloir prendre L'Enfant le temps que les choses évoluent sur notre île dévastée.
Nous sommes accueillies avec des sourires et en 2 minutes nous avons une ribambelle de marmots autour de nous qui nous demande "Et elle s'appelle qui? Et elle fait quoi? Et pourquoi? Et tu viens zouer? Et moi j'ai troizans? Et moi ze suis grand!".
L'Enfant Chérie n'a pas très trop envie de parler mais elle ne pleure pas c'est déjà ça.
La petite classe retrouve ses habitudes et nous on observe de loin. La maîtresse leur demande de se mettre en rang pour faire le petit train et pour chanter de bon matin. Elle propose à La Chouette qui décline de son regard le plus noir (celui de sa mère apparemment) elle préfère rester collée à moi.
Le petit train se forme et démarre. Ça chantouille, ça rignoche. C'est un peu niaiseux je dois l'avouer mais mon coeur fond de les regarder se trémousser.
J'ai fondu d'amour jusqu'à ce que La Chouette se marre.
Bah t'as quoi l'Enfant ? Qu'est-ce qui te fait rire?
Hihihi continue-t-elle.
Bah quoi ?! Pourquoi tu te marres?
Elle me regarde, toujours en se marrant et.
"Nan mais c'est quoi c'bazar Maman?!".
Et c'est là où moi aussi je me suis tapée un fou rire.
Non mais c'est vrai c'est quoi ce bazar?!
C'est cul cul à souhait les tchous tchous le p'tit train, c'est vrai. Mais j'aimais bien moi. Je commençais limite à dandiner aussi.
Bon bah elle non.
Elle, elle se marre.
Elle, elle veut pas faire la niaiseuse, elle veut pas rentrer dans le rang. C'est vrai que nous les ptits trains on les fait en criant, en sautant, en courant, en chantant fort et en riant à gorge déployée. On les fait en transformant notre voix, en faisant des grimaces complètement barrées.
C'est comme ça que nous on les fait les ptits trains.
Va falloir t'adapter ma chérie. Va falloir faire moins de bruit.
Mais steuplait ma beauté, perd jamais ton grain de folie.
Pour nous la matinée à l'école s'est terminée là. On est parti vite en se donnant la main et en faisant les zinzins. On a couru jusqu'à la voiture. J'ai mis la musique à fond et on a chanté fort.
Aussi fort que c'est vraiment pas évident de me dire que lundi elle y retournera.
Cette fois sans moi ...

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#laraconteuz

19 septembre 2017

Maria, casse-toi !

J'vais pas vous mentir j'suis soulagée d'être enfin arrivée au pays. Soulagée de retrouver un bout de chez moi. Retrouver une maison dont je connais les odeurs, une maison avec les jolies couleurs.
Soulagée.
Et en même temps j'vais pas vous mentir j'suis en vrac.
Parce que Maria qui s'invite su les ptits paradis que j'ai quittés. Sur les belles âmes qui nous ont réconfortés.
St François et ses généreux hôtes qui nous ont ouverts grand leur maison. Qui nous ont nourri, choyé, calmé et qui ont pris nos gosses par la main.
St Claude, et une si belle case en bois, une aussi solide je l'espère que la douceur de ses propriétaires.
Laurence et Éric (pour ne pas les citer) ont fait de leur Bananes Vertes un havre de paix. Arrivée chez eux en vrac et déracinée, je suis repartie apaisée.
Sans oublier tous ces messages reçus des Saintes, de la Martinique, de toutes les îles voisines qui pensaient tellement à nous.
Les antilles, après Irma c'était ça.
Des gens qui ouvrent leur porte et qui se donnent la main.
Alors tu vois Maria, ça tu l'auras pas.
Même Irma n'a pas réussi.
Perd pas ton temps. Casse toi Maria !
Casse toi !

Alors oui j'vais pas vous mentir, aujourd'hui je suis soulagée d'être chez moi.
Mais j'suis en vrac.
Ouais j'suis en vrac.

Prenez soin de vous...
On ne vous oublie.
Je ne vous oublie pas.

10 septembre 2017

Irma, tu nous auras pas ...

Il était 8h30 environ.
Irma venait de nous assommer, de nous secouer comme jamais.
On n'avait pas dormi de la nuit.
Les derniers signes radios nous annonçaient qu'Irma était un cyclone hors catégorie. Que personne n'avait jamais vu ça. Qu'on ne parlait même plus de vitesse du vent ou de biens matériaux à sauver. On nous a dit de sauver notre peau. C'est ça qu'on a entendu à la radio. Sauvez votre peau les gars.
Alors oui il était 8h30 environ et on était sauvé. Effrayé. Déboussolé. Sous le choc. Tendu. Terrorisé. Fatigué. Mais sauvé.
Vivant.
On était vivant putain.
Plus aucun contact avec le monde extérieur. Pas de réseau. Rien.
Perdus.
Perdus sur notre caillou. Notre île.
Dévastée la belle.
Nous aussi on l'était.
Dévastés.
J'ai jamais eu aussi peur de ma vie.
Jamais.
J'ai cru mourir à chaque instant pendant de longues heures. J'ai vu la fin.
Les derniers messages que j'ai pu envoyer avant que tout ne coupe c'était ça.
Je vous aime. Au cas où, je vous le dis, maman, frangin, amis... je vous aime.
C'était horrible de le dire comme ça.
Horrible pour eux de l'entendre mais je l'ai dis. Il fallait que je le dise. C'est aussi les derniers messages de mes amis d'ici que j'ai reçu.
On ne tiendra pas. Ça va lâcher. On va lâcher.
Et puis plus rien.
Plus de réseau.
On ne savait pas si ça allait tenir. Si la maison allait tenir face à cette bombe d'Irma. Je ne savais pas si mon coeur allait tenir à tellement battre de peur. Si j'allais pouvoir garder mon calme. Si je n'allais pas devenir folle face à la terreur.

Irma s'est invitée doucement vers 1h du matin et est montée. Montée. Montée. Ça ne s'arrêtait pas de s'intensifier. Les bruits. Le vent. La pression était dingue. Nos oreilles allaient exploser à chaque bourrasque. Un bombardement.
Et dans la tempête, c'était l'inconnu. Impossible de savoir jusqu'où ça allait. Jusqu'où la nature était capable de se déchaîner à ce point.
Irma était dingue. Une furieuse. Une tueuse. Elle voulait notre peau putain.
Des minutes qui durent des heures.
Des heures qui durent des jours.
Est ce que le toit va tenir? Est ce qu'on ne va pas se faire dézinguer? Pulvériser?
Chaque minute de passée était une minute de gagnée.
Les enfants dormaient. Comment ? Mais comment dormir dans un tel bordel ?
Je ne gérais rien. On a laissé faire les gars et avec ma pote on se donnait la main au dessus de nos gosses qui roupillaient.
Les yeux.
J'ai vu la trouille dans ses yeux. Et je n'ose même pas imaginer ce qu'elle a vu dans les miens.
Et puis 5h15.
J'ai regardé pour me souvenir.
5h15 et plus rien. Net. Plus un bruit.
Mes oreilles étaient défoncées et j'ai vrillé.

On est sous l'eau ?
On est sous l'eau c'est ça?
Submergés?
La maison va éclater dis le moi !

Elle s'est marrée. Enfin, elle s'est marrée du mieux qu'elle pouvait.
C'est l'oeil Soïz. C'est l'oeil panique pas.

Moi j'y croyais pas. J'étais sûre d'être sous l'eau tellement mes oreilles me défonçaient.

Ouais j'ai vrillé.
La peur.
Trop de peur.

C'était l'oeil.
On avait tenu la première partie.
On avait tenu...
Maintenant il fallait changer de pièce.
Les vents allaient tourner.
Fallait se préparer au deuxième round.

J'ai réveillé La Chouette pour passer au plan B des gars au cas où le plan A ne tienne pas.
Ils avaient tout prévu. Des plans ils en avaient pour, je suis sûre, de A à Z.
Des guerriers ces gars. Des qui nous laisseraient pas emporter par Irma.

Jai réveillé La Chouette et j'ai vu dans ses yeux... C'est dingue ce que j'ai vu dans ses yeux.
Elle s'est collée à moi. M'a regardé si intensément.
Elle s'est fermée.
Un bloc.
Elle s'est tournée.
Et s'est rendormie.

Je suis allée chercher Dinou fils, qui lui aussi faisait partie de l'aventure et je l'ai mis à l'abri, près de nous. Irma elle l'aura pas mon chat!

L'oeil à duré 1 heure, 1 heure où il n'y a plus eu un bruit, plus rien, ambiance de fin du monde au petit matin.
1h pour se remettre de ce qu'on venait de vivre.
1h pour faire le point.
Et en 1 minute Irma nous a englouti à nouveau. Une brute. Une furieuse.
Aussi dévoreuse qu'avant l'oeil.
Folie!
C'était la folie.

En 1 minute.
1 seule minute et les rafales de près, voire de plus (aucune machine ne peut mesurer aussi fort comme vent) de 400 kms/h ont reprises.

Dehors des toitures s'envolaient, des voitures, des camions, des maisons explosaient.
L'enfer sur terre.

Et elle, ma beauté, ma douce de deuzans et demi dormait.
Je l'ai regardé et à chaque bourrasque, à chaque bruit, claquement, grondement, tremblement, je la regardais et j'espérais que ça ne serait pas la dernière fois. Je la regardais et mes oreilles allaient exploser. La pression était dingue. Je me collais à elle. Et je donnais la main à ma pote en écoutant les gars sécuriser l'endroit.
Irma ! Ça criait Irma ! tu nous auras pas !
Scie, perceuse ...
Le chantier de la débrouille.
Fallait que ça tienne.
Fallait consolider pour nous rendre encore plus invincibles.

Et puis les heures, les minutes ...
Bordel ce que c'est long le temps. Le temps à ne pas savoir si c'est elle ou toi qui va gagner.

Ils ont rien lâché. Ils se sont battus.
Ils nous ont sauvé.
Irma s'en allait.
Elle partait.
Nous laissant sur pieds mais secoués.

Il était 8h30 environ et on allait pas tarder à découvrir ce qu'Irma avait laissé derrière elle.

Le chaos.
C'était le chaos dehors.
Mais on était vivants.

Ouais vivants.
Et c'était horrible de ne pas savoir si c'était le cas de tous nos amis, voisins, compagnons de galère...

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#laraconteuz #irma #stbarth

10 septembre 2017

Irma

J'ai honte de le dire mais je me suis taillée.
Quelques avions ont été mis en place pour faire partir les femmes et les enfants.
Alors ouais j'ai été évacuée en Guadeloupe avec La Chouette, ma copine de galère et ses 2 gamins.
On a pris une valise avec rien dedans. On a rien. Tout est là bas. Notre vie est là bas. Nos copains. Nos voisins. Mes amies chéries.
Mais on a voulu sauver nos gamins.
On s'est sauvé devant José qui va continuer le sale boulot d'Irma.
C'était trop dur de rester.
Les conditions de vie sont déplorables.
Ça fait des jours qu'on ne dort quasi pas. Qu'on tient nos gamins propres comme on peut.
Qu'on s'éclaire à la bougie. Qu'on les nourrit de ce qu'on a. De ce qu'il reste. Il fait chaud. Très. Trop pour des minots.
L'île est dévastée, vision d'horreur sur la route, on ne sait même plus se repérer par moment. On ne reconnaît plus rien.
Coupé du monde.
Seuls sur notre caillou dévasté.
Mais il y a une solidarité de malade qui s'est mise en place dès le lendemain. Pourtant tout est difficile. Tellement.
On n'a pas d'informations. On ne sait pas ce qui nous attend. On a tous eu tellement peur. On a vraiment eu peur d'y passer.
Je le raconterai. Il faudra que je le raconte.
Nous sommes choqués.
Vivants mais tellement choqués.
Par moment je n'arrive même pas à parler. Et puis par moments on se regarde et on pleure. Jamais au même moment.
On se porte les uns les autres.
Rester debout.
Ouais il le faut.
Debout.

Je ne sais pas la suite.
Incapable de prendre la moindre décision.
Je sais juste que j'ai honte de le dire.
Je me suis taillée...
Je n'ai pas pu prendre Dinou fils avec moi. Il est en sécurité dans la case des copains bretons. Là où on a vécu Irma. Là où va passer José demain.
J'espère pouvoir le retrouver au plus vite.
Retrouver mes amis. Retrouver chez moi.
Retrouver un bout de vie.

Mais pour le moment je sais pas.
Je suis en Guadeloupe.
Déracinée et honteuse.

Merci pour tous vos mots. Vos messages.
On devenait dingue de ne pouvoir donner de nouvelles.
Dire qu'on était vivant.
Juste ça.
Vivant p*tain.
Alors oui merci. Merci d'avoir pensé à nous. On va avoir encore en avoir besoin.

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