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J'aurais voulu être une raconteuz'
26 avril 2013

Quand je serai grande je serai pas comme tout le monde...

À 16 ans j'étais une "baboss".

La "baboss" s'habille en friperie.
Elle porte 3 robes à fleurs, toutes superposées sur un pantalon patte d'eph', un foulard dans les cheveux (cheveux qu'elle a crades et/ou dreadeux). Elle a des piercings (arcade et/ou lèvres et/ou nez...) des mitaines (bien plus pratique que des gants pour rouler ses clopes par tout temps).
Dès qu'elle le peut la "baboss" est pieds nus, même dans la rue. 
Surtout dans la rue. 
Elle a toujours un gros châle en laine autour du cou et une valisette en cuir élimé en guise de sac à mains. Dans sa valisette elle trimballe toute sa vie, au cas où. 
Parce que la "baboss" aime à croire qu'elle ne sait pas où elle sera le lendemain. Non pas qu'elle soit à la rue, loin de là, mais la "baboss" aime ce sentiment de liberté de ne pas savoir où dormir... 

La "baboss" est dans un lycée artistique.
Elle fait du théâtre, de la danse contemporaine, elle lit de la Poésie et écoute Nostalgie.
Elle jongle, elle fait du feu, du diabolo, du bâton du diable.
Ses amis sont une tribu de chevelus-fumeurs-de-joints. La famille. 
Ils se retrouvent dans des festoches aux quatre coins de la région tous les week end.
Ils dansent sur Tryo, connaissent les Têtes Raides par coeur, jouent de la percu sur Massilia.
Ils passent des soirées entières à picoler avec le jeu de la quinte, de la pièce, du cap's, du "je passe le baba à toi... à qui?".
Ils emploient des mots bizarres comme "tsélefo" 'tsanawa" "fnien"... des mots qui veulent tout et rien dire.
Ils se promettent l'amitié à vie et rêvent de leur vie d'adulte.

Une vie d'adulte pas "comme tout le monde".

La "baboss" rêve d'aventure, elle rêve de vivre dans une roulotte et d'avoir des chèvres.
De manger que ce qui pousserait dans son jardin (jardin qui aurait été "bio" forcément même si à l'époque on n'en parlait pas très trop du "bio"), de se laver dans le ruisseau qui aurait coulé au pied de son terrain, et de se sécher au soleil, allongée sur le rocher au bord du ruisseau.
Dans sa roulotte elle ne se serait jamais ennuyée, bien trop occupée à tricoter, coudre, écosser les petits pois ou à faire des confitures.
Sa vie d'adulte ne serait que découvertes, passion, rires et galipettes dans les bois façon Marie Ingalls.
Pas de télé, pas de téléphone, pas d'internet (de toute façon à l'époque internet c'était comme le bio, on n'en parlait pas).
Elle n'aurait pas besoin de travailler, puisque le peu d'argent dont elle aurait besoin elle le gagnerait en vendant ses fromages de chèvres.
Elle voyagerait dans le monde entier avec sa roulotte. Elle se remplirait des couleurs, des odeurs de chaque terre. Elle apprendrait les danses de chaque cultures. Elle ne parlerait qu'une langue, celle de l'amour.
Mais en attendant de pouvoir se la jouer à la Petite Maison dans la Prairie, la "baboss" doit décrocher son bac.
Non par choix, mais parce que ses parents lui ont dit qu'une fois le bac en poche elle pourrait faire ce qu'elle veut de sa vie.

Une fois le Bac en poche la "baboss" quitte la campagne pour la ville.

C'est le début des contradictions. On ne peut décemment pas installer une roulotte en centre ville...

Pendant que tout les copains chevelus-fumeurs-de-joints sont à la Fac, elle, elle fait la serveuse pour se payer ses cours de théâtre.
Elle vit dans un p'tit studio qu'elle a décoré de tentures indiennes, de coussins au sol, de tapis... Elle se dit que son studio pourrait être sa roulotte.
Elle mange des pâtes n'ayant pas les moyens de s'acheter des légumes frais au marché.
Elle passe ses journées scotchée au téléphone et rêverait d'avoir la télé pour mettre son cerveau en pause. Elle trouve les journées beaucoup trop longues et s'ennuie à mourir.
Elle trouve ça chiant d'être grand.
Et elle commence à avoir la trouille.
Parce que c'est bien beau de ne pas vouloir faire "comme tout le monde" mais ne pas être "comme tout le monde" en grandissant ça fout la trouille.
Et là, à 20 ans, la "baboss" se dit qu'il serait peut être intelligent de faire des études finalement; parce que faire la serveuse ça la gonfle royalement.
Elle s'inscrit en Arts du Spectacle.

Sans trop le vouloir elle s'est mise dans le rang.

Elle ne porte plus qu'une seule robe à fleurs, ses cheveux sont propres, elle n'a gardé qu'un seul piercing (un petit diam's dans le nez). Elle a pleins de sacs à mains avec le minimum syndicale dedans vu qu'elle sait tous les soirs où elle dort. Elle ne marche pieds nus que sur les tapis de son salon et ses talons claquent sur le dancefloor le samedi soir. Les chevelus fument toujours des joints mais ont coupé leur dreads.
Comme tout le monde...

Son amoureux est agent immobilier. Il lui parle d'investissement, de projet bébé, de maison à la campagne, de vacances à Royan et d'hivers à La Plagne. Il lui peint leur vie. Une vie dont elle ne voulait surtout pas. Mais pourquoi pas...
Elle est devenue grande ça y est.
Elle a 23 ans.
C'est l'âge des choix importants.
L'âge de choisir un métier, un lieu de vie avec des nouveaux amis, l'âge de la fin des conneries normalement.
23 ans.

C'est à cet âge là que la "baboss" que j'étais est tout doucement revenue dans ma vie.
Une nuit elle est venue pleurer sur mon oreiller, elle était désespérée.
Elle m'a d'abord dit que si je lui demandais de partir elle ne reviendrait plus jamais, qu'elle me laisserait dans ma vie "comme tout le monde" mais que pour elle cette vie là c'était au dessus de ses forces.
Elle m'a dit qu'elle souffrait en silence depuis trop longtemps, que je l'avais vidée.
Je l'ai vu dans ses yeux qu'elle n'était déjà presque plus là.
Plus d'étoiles, plus de rires, plus d'amour... Ses yeux étaient comme morts.
Et j'ai eu peur.
Peur qu'elle me quitte. Peur qu'il soit trop tard. Peur de ne pas avoir assez de forces pour redonner vie à ses yeux.

Alors je l'ai supplié de rester. Je lui ai dis que j'allais l'aider à retrouver ses rêves, que j'allais l'aider à les vivre surtout.
Et je me suis mise à pleurer avec elle.
J'ai pleuré tout ce que j'allais devoir quitter, j'ai pleuré parce que je ne savais pas par où commencer. J'étais terrorisée.
Quand on veut changer de vie par quoi faut-il commencer?

J'ai cru qu'elle allait me prendre dans ses bras, qu'elle allait me rassurer, qu'elle allait me calmer en me disant qu'à deux on serait plus fortes.
Mais au moment où je lui ai demandé de rester la "baboss" a vrillé.
Ses yeux ont commencé à reprendre vie. J'y ai vu la rage.
Elle m'a secoué dans tous les sens, m'a frappé, me criait fort dans les oreilles. Elle hurlait, elle hurlait parce qu'elle souffrait.
Elle m'a aboyé mes rêves d'avant et doucement elle s'est calmée.
Elle m'a dessiné ma roulotte, m'a fait écouter le clipotis de mon ruisseau, elle m'a prise dans ses bras et je me suis endormie.

Le lendemain matin j'avais un petit mot de la "baboss" sous mon oreiller:
"Vis tes rêves au lieu de rêver ta vie".
Je me suis levée et j'ai tout quitté.
J'ai quitté l'agent immobilier, j'ai arrêté mes études, j'ai demissionné de mon job de serveuse, j'ai fait mes cartons et je suis partie.
Je suis partie et je ne me suis jamais retournée.

(à suivre...) 

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6 avril 2013

** 10 ans **

 

Hier j'ai eu 20ans.
J'ai emménagé pour la 1ère fois avec un mec.
J'ai eu ma Licence.
J'ai monté mon spectacle.
J'ai quitté mon mec.
J'ai été malheureuse. Très. Trop.
J'ai vécu l'amour.
J'ai voyagé aux quatre coins de la planète.
J'ai appris un métier.
J'ai trouvé mon paradis sur terre et j'y suis restée.

... 10 ans ...
Déjà 10 ans.

Et demain?

Demain je découvrirai la mer.
J'aurai 30 ans.
J'aimerai.
Je changerai de métier.
J'aurai moins peur.
J'écrirai.
J'aurai des enfants, et peut être même que je me marierai.
Je serai une femme de 40 ans.
Je verrai mes enfants grandir et je leur raconterai.
Je me souviendrai.

Je me souviendrai de son rire, des larmes qui coulaient le long de ses joues, le souffle déjà manquant.
Je me souviendrai du bleu de ses yeux, pétillants, en colère parfois, mais jamais contre moi.
Je me souviendrai du rythme qu'il tapait sans cesse: les doigts sur la table, et son pied qui suivait le tempo.
Je me souviendrai de ses silences alors que j'avais envie qu'il parle, qu'il me raconte.
Je me souviendrai qu'il m'écrivait, qu'il m'aimait et qu'il était fier. Mais ne le disait pas. Pourtant il était fier. Fier de la dernière.
J'aurai oublié le son de sa voix mais je me souviendrai de son odeur; mélange de tabac froid, de musc, d'épices. Il était "poivré" mon Père.

Il était rêveur, fantasque, voulait tout mais ne faisait rien.  
Il était râleur, colérique, un brin moqueur.
Éternel insatisfait il est passé à côté.
À côté de nous, à côté de tout. 

Je me souviendrai que je lui avais promis que je ne serai pas triste, que je serai "grande", que je profiterai de tout ce qu'il n'avait pas fait, que je me ferai aimer, que je vivrai mes rêves sans juste les laisser filer... 
Tout ça je l'aurai fait.
Je me souviendrai de cette date. Rien qu'une date.

Une date où ça n'est pas plus douloureux que les autres jours.
Où ça ne le sera pas moins.
C'est une date. Rien qu'une date.
Le premier jour.
La première semaine.
Le premier mois.
La première année...

Aujourd'hui ça fait 10 ans.

10 ans que mon Père me manque comme si c'était hier...



 

 

5 avril 2013

Black Out!

Aujourd'hui j'ai décidé d'être organisée.
Être organisée ça commence par prendre mon billet retour pour la métropole.
Juste pour les vacances hein. Bah non je rentre pas hein. T'as rêvé toi!

Quand j'ai décidé de revenir en Novembre je ne savais pas trop si j'allais rester 6 mois... 1 an...
C'est pour ça que j'avais pris un billet Aller/Retour modifiable sur 1 an.
À l'époque je tentais déjà d'être organisée.

Ce matin je décide donc de modifier le retour. Que de toutes façons je ne sais pas quelle date j'avais fini par booker mais je sais que je pouvais modifier jusqu'à Septembre.
On est en Avril.

Wouaw! Je suis sacrément organisée.

"_Allo Madame Bonjour. J'ai un aller/retour chez vous modifiable sur un an et je voudrais réserver le retour. S'il vous plaît merci.
 _Votre n° de dossier s'il vous plaît.
 _Ha! Bah merde je l'ai pas. (pas si organisée que ça la nana...)
 _Votre nom alors.
 _Soïzik.P......... (attente)
 _Vous êtes sûre?
 _Sûre de mon nom? Bah oui hein...
 _Non sûre que c'est chez nous que vous avez pris votre billet.
 _Bah oui hein quand même. Je me souviens bien de la dame du bureau de droite, elle cherchait les meilleurs tarifs et elle m'enviait si tant de partir au soleil et elle m'avait même dit qu'il fallait pas que Dinou il soit trop gros sinon il allait voyager en soute... Je me souviens m'être dis que je ne savais pas quand je voulais rentrer mais que bien sûr j'allais rentrer... Donc le modifiable 1 an c'était chouette Madame.
 _Laissez moi chercher et je vous rappelle Mademoiselle."

C'est là où j'ai commencé à me dire qu'être organisée c'était quand même pas hyper facile. Passer des mois dans un dossier sans numéro... c'était sûr qu'on allait me perdre.

Drrrrring! (wouaw déja? L'est sacrément rapide la dame).

"_Bonjour Mademoiselle P, c'est la dame du bureau de droite à l'appareil.
 _Ha alors c'est bon? Vous vous souvenez de moi? Je voudrais modifier mon billet s'il vous plaît Madame. Pour être bien organisée.
 _Oui je me souviens de vous. Vous vivez sur un caillou, avec votre chat. Vous avez souvent un foulard dans les cheveux... vous êtes un peu hippie... hahahaha...
 _Ha bah oui c'est ça, c'est bien moi. Alors ce billet?
 _Je suis désolée de vous dire que vous ne l'avez pas pris chez nous votre billet. Vous avez bloqué les dates mais 3 jours avant votre départ vous avez annulé.
 _...... QUOI? Bah... c'est pas possible hein. (genre prend moi pour un jambon). Non parce que j'y suis sur mon caillou, mon Dinou chat fils aussi. On est bien arrivé en avion quand même, genre on n'est pas arrivé en passant par un monde parallèle... même que Roger il avait complètement craqué son slip, je m'en souviens.
 _Je suis ravie de savoir que vous êtes bien arrivés sur votre caillou vous même et votre Dinou chat Fils mais vraiment le billet vous ne l'avez pas pris chez nous...
 _Ha d'accord. Mais je l'ai pris où alors hein... Pfff j'en ai marre Madame, moi je voulais être organisée là et puis bah...
 _Profitez du soleil Soïzik, si vous ne rentrez pas c'est pas grave. Ça reste entre nous, mais c'est la merde ici... Restez sur votre caillou. Profitez pour moi...
Euh bah oui mais quand même Madame... va bien falloir que je rentre."

Finalement je ne suis même plus sûre d'avoir pris un A/R, je ne sais encore moins chez qui.
En agence? Ici? En métropole? Sur internet???
Mais bordel comment on a fait avec Dinou pour arriver là?
J'suis quand même pas désorganisée au point de me télétransporter!
Et j'ai pas envie de repayer un billet si j'en ai déjà acheté un.

C'est pas grave... je vais rentrer à la nage.
Si je pars de suite je serai au pays en Septembre non?

5 avril 2013

La coloc' ou comment apprendre à vivre seule en étant 4 sous le même toit...

Je ne t'en ai encore jamais parlé mais comme beaucoup de gens ici je vis en coloc', et pas n'importe quelle coloc'.
Je vis avec 3 mecs. Des vieux.
Bah oui hein, à plus de 40 piges pour moi t'es un vieux, parce que moi bah j'ai pas 30 ans. 'fin pas encore.
Bref je vis en coloc avec 3 mecs.
Me faire accepter n'a pas été chose aisée vu qu'à la base ils cherchaient un mec, un vieux comme eux, avec surtout pas d'animaux.
Bon bah finalement ils m'ont pris moi, jeune femme de pas 30 ans avec mon Dinou fils. Dinou fils c'est mon chat.

J'aimerai pouvoir te raconter ma vie à la coloc mais par respect pour eux je ne te raconterai pas.

Quoooa la raconteuz qui raconte pas???!

Bah non je peux pas raconter. Pas tout du moins.

Coloc n°1 c'est le chef de la coloc. C'est celui qui gère. Qui fait le ménage. Qui s'occupe des éviers quand ils sont bouchés. Qui descend les poubelles. Qui construit des abreuvoirs à colibris. Qui arrose les plantes.
C'est aussi celui qui me laisse des surprises dans mon frigo en forme de douzaine d'huitres, de saumon fumé, de plats traditionnels créoles, de foie gras, de Chardonnay. Il fait tout ça quand je suis au travail et la nuit c'est lui qui travaille, donc on ne se voit jamais.

Coloc n°2 c'est le frère de coloc n°1. C'est celui qui fait pas de bruit et qui n'aime pas les gens qui en font. Il travaille beaucoup et quand il travaille pas il dort. Sachant qu'il dort quand je suis au travail et qu'il travaille quand moi je dors, coloc n°2 je le vois jamais non plus.

Coloc n°3 c'est celui qui oublie tout. Qui oublie d'éteindre les robinets, qui oublie de ranger ses affaires. Une fois il a même oublié ses clefs dans son frigo. Heureusement il est gentil. Mais je le vois pas beaucoup. 

Ils sont tous les 3 gentils d'ailleurs. Ils m'ont jamais posé de questions, du coup je crois qu'ils ne savent pas trop qui je suis.

Pour eux, Coloc n°4 c'est "la miss et son chat". Celle qui ne fait pas de bruit. Celle qui ne parle pas, sauf à son chat. Celle qui part tôt et qui rentre tard. Celle qu'on-ne-sait-pas-trop-ce-qu-elle-fout-de-ses-journées-et-qu-on-ne-voit-jamais.

Ca fait 5 mois qu'on vit tous sous le même toit et on ne se connait pas.

Demain "la miss et son chat" quittent la coloc' mais je ne suis pas sûre qu'ils s'en apperçoivent.

Euh, bah... Salut les gars c'était sympa! Merci pour tout j'ai adoré!

Et sans aucune ironie je peux dire que j'ai eu des colocs en or. Parce que grâce à eux j'ai appris à vivre seule.
Et à "pas 30 ans" il était sacrément temps que j'apprenne.

Dinou Fils et moi même n'ayant pas les moyens de réellement vivre seuls on s'installe dans une autre coloc'.
Parce qu'on a pesé le pour et le contre et on s'est rendu compte que la case elle est bien, ça c'est sûr.
245m², 4 terrasses, belle vue, belle lumière, place de parking. On peut recevoir des copains. Pleins même. 
Les colocs sont gentils et ne font pas de bruit.
Mais on s'est rendu compte aussi qu'on n'y était jamais à la case.
Et payer 1000 balles de loyer pour être dehors c'est pas que ça commencait à nous saouler, mais un peu si quand même. Ouais en fait ça nous saoulait grave.
Autant aller dans une 'tite case avec 1 terrasse/belle vue/belle lumière/place de parking aussi/ pour moins cher. Bah oui hein.

On ne connaît pas encore "Futur Coloc et sa chatte" mais on espère qu'ils feront pas trop de bruit et qu'ils seront gentils.
D'toutes façons nous, on est toujours dehors.  

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