Ma traversée:
Je l'ai claironné haut et fort, bombardé sur Facebook , hurlé sur les 21kms² de mon caillou. L'information est passée de St Barth à Singapour, en migrant par Bora Bora et Angoulême.
J'ai dû arroser mon départ mille fois et faire mille bisous de au revoir.
J'ai donné les consignes pour Dinou Fils à Tata Sarah, prévu mon retour sur le caillou en Juillet et programmé les futures retrouvailles avec mon Captain aux Philippines en Août.
Tout était prêt.
Le bateau, les potos, mon sac à dos.
J'avais la trouille au bide mais j'étais prête.
Prête à vivre une expérience des plus folles: traverser l'Atlantique!
Je m'étais dis à l'époque (oui c'était il y a seulement 1mois, mais il y a 1mois c'était comme il y a 1000ans pour moi) je m'étais dis donc "Traverse petiote, ça fera encore une belle aventure à raconter à ta marmaille! Tu pourras leur dire que leur mère, à 30piges, elle a traversé l'Atlantique!!".
J'étais fière.
Fière de ce que j'allais vivre malgré la pétoche qui ne me lâchait pas d'une semelle.
Je pensais à la mer, au ciel, aux couleurs, dégradé de bleu.
Je m'imaginais à la barre, de nuit, sous un ciel magique.
J'entendais déjà les dauphins jouer autour du bateau.
Je rêvais de ne sentir que le vent et les embruns, bercée.
J'attendais les parties de scrabble, de cartes, ces parties de rire en pleine mer.
Je fantasmais le lever du jour, une tasse de thé fumant à la main.
J'avais donné rendez vous aux autres potos qui traversaient sur d'autres bateaux.
Rendez vous donné aux Açores.
On parlait déjà de faire le mythique dessin de l'équipage et de lever nos bières Chez Peter.
J'avais les yeux qui brillent, le sourire aux lèvres, ravie de faire le tour du caillou et de répondre aux gens "Ouiiiiiiiii je pars dans 3 jours!!! Dans 3 jours je traverse l'Atlantique!!!"
Ça les faisait marrer les marins, les vrais. Ceux qui ont déjà traversé plein de fois. Ils se marraient de me voir si excitée et n'hésitaient pas à me raconter leurs tempêtes... Je riais, jaune, mais les étoiles dans les yeux ne me quittaient pas.
Mais ce que je ne savais pas 3 jours avant de partir, c'est qu'une autre aventure m'attendait.
Une plus folle, une plus belle, une dont tu te souviens toute ta vie.
Et c'est là où je te fais le roulement de tambours, le schlack schlack, le tonnerre d'applaudissement...
3 jours avant de partir traverser l'Atlantique donc, j'ai appris, qu'avec le Captain, on allait accueillir à bord de notre vie un ti pirate ou une tite sirène!
Le polichinelle était déjà bien au chaud dans mon tiroir depuis 1 mois.
Sans rien demander à personne il a senti que la mer était belle et le vent un peu trop clément et s'est empressé de déchaîner les éléments.
La tempête à la lecture des fameuses 2 barres.
Celle qui te cloue dans ta cabine et qui te donne un mal de mer des plus violents!
Prêts / pas prêts?
Le moment / pas le moment?
Joie / trouille?
Oui / Non?
On a dit OUI!
On a dit "Tope là petit on va te faire un accueil de folie!"
On a dit OUI parce que ce timoun c'est une surprise, une belle aventure, un cadeau.
C'est déjà de l'amour et rien que d'l'amour.
Ce sera Notre Traversée.
Alors voilà, voilà pourquoi je ne suis pas partie. Le Captain non plus d'ailleurs.
Mais je sens que cette aventure sera la plus belle, la plus haletante, la plus trépidante de nos vies.
Aujourd'hui le timoun a déjà des jambes, des pieds, des bras, des mains. Il doit mesurer presque 4cms.
On l'a déjà vu 2 fois et c'est... c'est...
En fait, il n'y a pas de mots pour dire ce que ça fait de voir pour la première fois ce p'tit être que je suis en train de fabriquer, tout petit, si petit, si confiant, dans les ténèbres de mon col de l'utérus.
Pas de mots pour décrire ce qu'on a ressenti quand on a entendu son coeur battre pour la première fois.
Impossible de décrire ce que ça fait de se dire qu'on va devenir des parents.
Un papa Captain', une maman Clown... ça promet!
Après cette grande nouvelle, je me permets de tous vous embrasser et de vous dire que j'vous z'aime!
Comment ça je me transforme en guimauve??
Moi sensible et à fleur de peau??
Mais naaan!
Je tiens hyper le cap'!
Vogue la galère, souquez les artimuses,
Contre vents et marées on va avoir un bébé...